Récap : Electronic Family 2017

Point final d’une série de quatre semaines d’affilée de festivals plus généralistes (Electrobeach, Lollapalooza, Tomorrowland), j’avais décidé d’enfin assouvir mes penchants Trance en me rendant à l’Electronic Family le WE dernier. Alors que la majorité de l’équipe était présente à Rochefort pour le Summer Sound, c’est aux Pays-Bas du côté de Bois-le-Duc que j’ai passé mon WE pour cette nouvelle édition de cet event majeur de la scène Trance. Pour la première fois sur deux jours, et pour la première fois loin d’Amsterdam, j’étais curieux de découvrir ce festival dont je n’avais entendu que du bien les deux dernières années. Organisé par ALDA Events, dont l’expertise n’est plus à démontrer, j’avais a priori très peu de chances d’être déçu.

La programmation

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Ça reste LE gros point fort du festival et l’élément qui m’a donné envie de passer à côté du Summer Sound. Comme à son habitude, l’Electronic Family proposait une nouvelle fois une programmation des plus électiques balayant un spectre assez large de la Trance, aussi bien dans les styles que dans son histoire.

On retrouve évidemment des têtes d’affiches incontournables des events Trance comme Markus Schulz, Ferry Corsten, Garet Emery ou encore les Cosmic Gate. Pour les amateurs du son Armada, la majeure partie des figures de proue du label étaient là, de Andrew Rayel à KhoMha, en passant David Gravell et Ørjan Nilsen. Pour les amateurs de hauts BPM, il fallait se diriger vers la seule scène couverte du festival, qui accueillaient les scènes Grotesque le premier jour et WAO138 le second, avec en tête d’affiche les omniprésents Vini Vici, mais aussi Mark Sixma sous son alias M6, l’excellent Bryan Kearney, l’argentin Chris Schweizer ou pour les plus anciens, Mark Sherry, RAM, John O’Callaghan ou encore John Askew. Les plus anciens pouvaient également se régaler sur une scène Trance Classics / Legends accueillant pour l’occasion quelques grands noms de l’histoire de la Trance, Rank1, Richard Durant, The Thrillseekers, Chicane, Johan Gielen ainsi qu’un Vinyl Set de Menno de Jong. Si avec tout ça vous ne trouviez pas encore votre compte, une scène Psy était présente les deux jours pour trouver un tout autre type d’ambiance. Une très belle programmation donc, rien à dire de ce point de vue là.

Le lieu / les scènes

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Mainstage

Alors que le festival se déroulait d’ordinaire sur une journée près d’Amsterdam au bien nommé Amsterdamse Bos, il a cette année déménagé à l’Autotron de Rosmalen près de Bois-le-Duc. Le lieu étant nettement plus isolé que son ancienne localisation près d’Amsterdam, ça s’est ressenti sur la fréquentation de l’évènement. Ce genre d’évènements pure Trance étant majoritairement fréquentés par des locaux aux Pays-Bas et le nombre de festivals du genre étant légion dans le pays, moins de monde a fait le déplacement jusqu’à Den Bosch que pour les autres éditions. Le nouveau lieu d’accueil de l’Electronic Family n’en reste pas moins très agréable, grand espace vert avec ce petit lac à côté avec des jets d’eau au milieu.

Passé la découverte de ce sympathique endroit champêtre, il était temps de s’attarder sur les scènes, et là il faut avouer que c’est la déception qui prédomine assez largement. Alors que sur les éditions précédentes, on sentait une belle évolution progressive de la scénographie avec une Mainstage qui prenait de l’ampleur, elle avait cette année incroyablement rétréci ! Une scène vraiment très petite pour une Mainstage et pas spécialement jolie. Tout est une question de goûts, mais j’ai du mal avec cet empilement de polygones multicolores. L’écran LED faisant la majeure partie de la scène « s’ouvrait » progressivement tout au long de la journée, mais les visuels présentés étaient globalement très basiques. Très peu de jeux de lumières, quelques rares et timides feux d’artifices en soirée, seuls les lance flammes étaient sympa à voir, surtout les flammes qui tournaient au-dessus du DJ booth. Une scène vraiment décevante qui n’était intéressante à voir que de nuit, malheureusement ça voulait dire une heure par jour vu que l’évent se terminait à 23h…

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Trance Classics / Legends Stage

Autre scène, la scène Trance Classics / Legends. Visuellement assez décevante aussi, puisque avec cet empilement de caisses, elle ressemblait plus à un Tetris promotionnel pour Desperados. L’autre gros inconvénient de cette scène est son emplacement. Placé entre la Mainstage et la Psy, elle parasitait très souvent le son de la scène Psy et on l’entendait à chaque break sur la Mainstage. Les organisateurs auraient pu profiter un peu plus de l’espace du lieu pour écarter un peu plus les scènes les unes des autres, à défaut de les faire plus grande.

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Psy Stage

La scène Psy était elle vraiment très belle, très dans l’esprit de la programmation. Avec cette cabane en bois pour abriter la régie DJ et ces toiles fleuries tout autour de la scène, le lieu rappelait immanquablement le fameux Boom Festival portugais. Avec les pieds dans le sable, l’ambiance était vraiment atypique de ce côté du festival.

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Grotesque / WAO138 Stage

Seul scène couverte du festival, c’est aussi la seule scène qui proposait un show visuellement intéressant tout au long de la journée avec cette forêt de tiges à LED au plafond, le reste de la scénographie étant assez simple mais efficace. Gros problème de son néanmoins sur cette scène, surtout le premier jour, avec un volume sonore bien trop élevé, qui m’a fait quitter le set de James Dymond assez rapidement, set pourtant parti sur les chapeaux de roue. Ce n’est pas normal de se retrouver avec les oreilles qui sifflent après même pas 5 minutes sur une scène.

Un problème de son assez général sur le festival d’ailleurs. Outre le positionnement des scènes extérieures déjà évoqué, on peut aussi parler du son de la Mainstage qui était lui régulièrement bien trop bas, notamment pendant Andrew Bayer & Ilan Bluestone. Des variations de volumes soudaines assez désagréables également pendant les closing de Aly & Fila et Gaia. C’est dommage, ça empêche de profiter aux maximum d’un programmation de qualité et de belles performances des artistes présents.

L’organisation

Electronic Family 2017

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Festival hollandais, géré par ALDA, pas forcément une grosse affluence à gérer, donc pas grand chose à dire de mauvais ici ! Jamais plus de quelques minutes d’attente, que ce soit aux toilettes, bars ou foodtrucks, ni aux stands de token à l’accueil. Je pensais d’ailleurs que l’utilisation de token était dépassée, il aurait été de bon ton de rester sur le système de carte à recharger de l’année dernière. Ce n’est jamais très agréable de se trimballer des token dans la poche et le cashless est maintenant devenu la norme dans la majorité des festivals.

Point très agréable sur place, la présence de nombreux hamacs et autre coussins / oreillers au bord du lac, toujours agréable pour se poser un moment au milieu d’une grosse journée de festival. Un lac où il était d’ailleurs possible de faire un tour dans un des pédalos en libre accès, une initiative sympathique des organisateurs.

Le public / l’ambiance

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Les events se suivent et se ressemblent aux Pays-Bas et je peux à chaque fois faire le même agréable constat sur le public. La moyenne d’âge est assez élevée, se situant probablement entre 35 et 40 ans, et ça se ressent sur l’ambiance. A part une ambiance de feu sur Vini Vici, on a assez peu vus les néerlandais bouger, beaucoup dansent paisiblement sur place. Pas de « hey ho », pas de téléphones brandis, pas de pogos, peu de chants, à part pour suivre la talentueuse Emma Hewitt au chant, elle qui était présente les deux jours en maîtresse de cérémonie de la Mainstage. D’un côté c’est apaisant, les gens sont là pour profiter de la musique et sont bien plongés dans leur set, d’un autre on frise rarement l’euphorie, sauf quand un set est vraiment exceptionnel. Mais ça fait tellement de bien de voir un public aussi avenant et ouvert, de ne pas se faire bousculer ou se prendre des verres sur la tête !

Les sets

Gaia

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Aaaaah Gaia… Les sets du duo cagoulé Armin Van Buuren / Benno De Goeij sont tellement rares que le projet en est presque devenu aussi mystique que l’ambiance qu’ils créent pendant leurs performances. C’était LE set qui m’a donné envie de venir et je n’ai pas été déçu ! Leur dernière performance datait de l’EDC Las Vegas 2016, ça faisait bizarre de les voir revenir sur une aussi petite scène par rapport à l’évènement que représente une de leurs prestations. Et tout au long du show, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’une bien plus grosse scène aurait rendu leur performance encore plus intense à vivre.

Le set s’ouvre sur une intro avec des visuels qui nous font parcourir les couloirs étroits d’un monastère, avant l’arrivé du duo sur scène dans leur costume de moines. Plutôt sevrés de beaux visuels pendant le WE, on a été servis sur ce live (puisqu’il faut le préciser, Gaia fait du live et non un DJ set) avec des images toutes plus magnifiques les unes que les autres, toujours dans le thème du monastère. Enchainant leurs propres titres (‘Empire Of Hearts’, ‘Inyathi’, ‘In Principio’…) avec d’autres titres et remixes d’autres artistes comme la reprise de ‘Taub’ par Mark Sherry, le set était globalement très Tech Trance avec peu de temps morts. Toujours fidèle à leur philosophie, les deux compères ont proposé un set 99% instrumental avec aucun vocal à part quelques snippets par ci par là. Un final magistral, un peu entaché par des baisses de volumes intempestives à certains moments.

Vini Vici

Pour l’occasion en solo avec le seul Matan Kadosh sur scène, Vini Vici a montré que le raz de marée continue pour eux sur 2017 puisque c’est le seul moment où l’on a pu voir la scène couverte aussi pleine. Moment sympathique, on a également pu croiser Mark Sixma dans la foule en train d’apprécier la performance de l’israélien. Pas un set très différent de ce qu’ils proposent ces dernières semaines, notamment leur set de Tomorrowland, mais toujours très efficace tant leur son est percutant. ‘Great Spirit’, ‘Free Tibet’, leur bootleg du ‘Flat Beat’ de Mr. Oizo, tout y est passé et ça a bien tapé du pied sur la WAO138 stage.

Andrew Bayer b2b ilan Bluestone

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Les deux acolytes, maintenant habitués à mixer ensemble, étaient la caution Anjunabeats de la programmation 2017. Alternant entre leurs discographies respectives, ils ont proposé une belle prestation, malheureusement gâchée par un niveau sonore trop bas. Les plus gros titres des deux y sont passés, ‘Celestial’, ‘Super Human’ pour Bayer, ‘Bigger Than Love’ pour Bluestone, tout comme leur collab’ ‘Destiny’. Un set posé et planant, qui gagnerait en dynamisme s’ils se contentaient moins de simples transitions à rallonge intro sur outro.

David Gravell

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David Gravell a proposé le set le plus explosif de la Mainstage ce WE. Jouant beaucoup sur ses remixes (‘Heads Will Roll’, ‘Komorebi’, ‘Bigger Than Love’), le néerlandais a su distiller également ses mashups les plus efficaces pour faire bouger le public avec les classiques de Tiësto qui font toujours leur effet dans ce genre d’events, ‘Lethal Industry’ et ‘Flight 643’.

Mark Sixma presents M6

Avec l’occasion de voir le néerlandais Mark Sixma (accessoirement lui aussi éphémère membre du projet Gaia pour l’anecdote) sous son projet projet M6, ça aurait été bête de passer à côté. Habitué des sets de Mainstage avec un son très « Armada », comprenez flirtant souvent avec l’Electro House et la Big Room, il a ici proposé une prestation vraiment différente en montant dans les BPM. Des sonorités bien plus Trance / Tech Trance, avec des titres comme le hit ‘Follow Me’ mixé par Psyburst et l’un des meilleurs sets du WE sur une scène enfin débarrassée de ses problèmes de son.

Cosmic Gate

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Set sans surprise pour le duo allemand formé par Nic Chagall et Bossi. Pas de grosse prise de risque, ils comptent encore beaucoup sur leurs hits pour faire réagir la foule : ‘Fair Game’, ‘Exploration Of Space’,  »Fall Into You’… Deux moment sympa qu’on attendait pas forcément néanmoins, le petit ‘Saltwater (Kryder Remix)’ ainsi que ‘Tonight’ en live par Emma Hewitt elle-même.

Ruben De Ronde

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Le bras droit d’Armin Van Buuren sur ses podcasts a fièrement représenté son label Statement! sur la Mainstage avec un gros set sur une scène encore dépeuplée en ce début de dimanche après-midi. Des sons très percutants aux basslines d’intro très marquées, suivis de mélodies et de leads très Progressive House, signature de la majorité des sons qui sortent sur son label.

Difficile de parler de tous les sets mais il y aura eu pas mal d’autres prestations intéressantes sur ce WE, comme James Dymond sur la scène Grotesque, le volume trop fort m’aura malheureusement écourté mon plaisir. Sets très intéressants également de Menno De Jong et Talla 2XLC le premier jour sur la scène Trance Classics, histoire de prendre un petit cours d’histoire en même temps.

Conclusion

Des échos que j’ai eus des gens qui avaient pu se rendre au festival les années précédentes, je suis obligé de constater une régression de l’évènement. Si la programmation de qualité est toujours là, on est plus maintenant face à un beau rassemblement de passionnés aux allures de petite fête foraine que face à un gros festival qui se veut le plus gros event Trance outdoor. Le show n’y est plus vraiment visuellement et les problèmes de sons étaient beaucoup trop présents le premier jour. Le festival s’internationalise (Estonie l’année dernière, Inde à la fin de l’année), et c’est beau pour le développement de la marque. Le festival passe à deux jours, et c’est génial pour pouvoir profiter d’encore plus d’artistes. On a quand même l’impression que ce développement s’est fait au détriment de l’édition néerlandaise, qui gagnerait à proposer de nouveau un show plus au niveau de sa programmation. Un festival à réserver donc aux vrais passionnés de Trance mais qui vaut plutôt son prix (70€ pour deux jours) et qui reste un bon moment à vivre !

Bulbi