Album Release : Flume – Skin [Future Classic]

Il est enfin sorti ! Après de longs mois d’attente, le tant attendu album « Skin » de Flume est disponible, au grand bonheur de sa cohorte de fans. L’Australien s’est, au fil des années et des sorties, imposé comme un véritable pionnier de la musique électronique. A la manière dont Guetta a pu le faire avec la house, la Swedish House Mafia avec la progressive house, Diplo avec le twerk ou encore Rusko, Skrillex et Knife Party avec le dubstep, Flume fait partie des rares producteurs à avoir su ouvrir la porte sur un nouveau genre. En effet, en plus d’avoir pondu moult chefs-d’oeuvre musicaux, le producteur a montré la voix à plusieurs de ses collègues sur un monde mélangeant musicalité exemplaire et sons expérimentaux. Car grâce à son style général, le flumestep, il a donné l’inspiration à beaucoup de producteurs pour créer leur identité, que ce soit Just A Gent, Louis The Child, Kasbo, Odesza, Louis Futon ou Naderi. Annoncé comme l’un des albums phares de cette année, découvrons ce que l’Australien nous a mijoté.

Helix

L’album s’ouvre sur « Helix », oeuvre splendide débutant par une longue montée de synthés grimpant progressivement dans l’épique, avant d’être brisés par une solide rupture. Le morceau reprend alors sur un thème simple joué en boucle, qui traversera un long build-up pour qu’une épaisse rythmique à la RL Grime l’accompagne sur un drop dévastateur et magnifique à la fois. Flume sort le grand jeu dès l’opening.

Never Be Like You

C’est avec grand plaisir que nous nous réécoutons le premier morceau teasé de l’album, dont la popularité est désormais arrivée à maturité avec son passage régulier en radios conventionnelles. Lisez l’article que nous lui avions consacré pour un avis plus développé.

Lose It (ft. Vic Mensa)

Dernier morceau dont nous avons parlé avant la sortie de l’album, cette « Lose It » aurait dû s’appeler « Electro Whale Symphony » (Symphonies de baleines électro) avant que Vic Mensa ne pose sa voix dessus, selon Flume lui-même. Rien à dire, chaque acteur du morceau fait parfaitement son travail pour un résultat impressionnant.

Numb & Getting Colder (ft. Kučka)

« Le concept était de combiner des sons expérimentaux et de la pop, puis de donner du sens à l’ensemble. », explique Harley sur Twitter. En effet, bien que reposant sur des sons, effets, structures et mélodies assez atypiques, l’instru guide très bien le vocal typé pop de Kučka. Le morceau dégage un sentiment de mélancolie mêlé à une détermination forte, qui plaira autant aux amateurs de pop qu’aux puristes d’Aphex Twin.

Say It (ft. Tove Lo)

La Suédoise Tove Lo s’allie à Flume pour une collaboration basée sur son vocal, donc forcément plutôt typée pop. La qualité de production est haut dessus des standards, Flume réussissant à poser ses éléments sur un tempo assez lent pour un résultat étonnamment entraînant. Retrouvez notre avis notre avis en plus détaillé dans l’article que nous lui avions écrit à sa sortie.

Wall Fuck

« Le but était de créer des sons évoquant la création de l’univers, puis de les transformer en un morceau », se confie Flume. Si le morceau peut paraître trop étrange et trippé pour une écoute confortable, il prend néanmoins du sens avec cette explication. Chacun en pensera ce qu’il veut selon ses goûts, mais bon courage pour le passer dans un set en boîte.

Pika

Interlude de l’album, la très sympathique « Pika » se base sur une mélodie presque aléatoire jouée de façon arythmique sur laquelle se greffent nappes de synthés, accords de piano, hi-hat déjantés et sample de voix découpé pour un résultat apaisant. Enfin un producteur qui a compris comment placer une interlude de façon propre, c’est rare !

Smoke & Retribution (ft. Vince Staples & Kučka)

Le deuxième morceau orienté rap de l’album, sorti il y a 3 mois, est une pépite parfaitement à sa place dans l’album. Le mélange viril ultra-dynamique de cette énorme percussion s’ajoutant au flow parfait de Vince Staples offre un excellent contraste avec le break doux et féminin de Kučka. Une fois de plus, nous avions exprimé notre avis détaillé dans l’article que nous lui avions consacré.

3

Flume retourne en 2014 chercher les ingrédients qui ont fait le succès de son remix de « Tennis Court » pour les agrémenter de sa nouvelle sauce « Skin » sur cette « 3 ». Le mix des deux styles opère parfaitement, pour un morceau très facile d’accès bien qu’assez expérimental. C’est là la grande force de Flume; ce producteur peut utiliser n’importe quoi dans sa musique, il parviendra toujours à en faire un hymne fédérateur pour le plus grand nombre.

When Everything Was New

On le devine déjà au titre, cette track dégage un sentiment de nostalgie marqué par l’alchimie des nappes de pads sur lequel le producteur ajoute un effet de va-et-vient, qui rappelle instinctivement des vagues frappant la plage, et le sample vocal posant une mélodie pleine de regrets. Sorte de « Sea Of Voices » pour Flume, le morceau le plus calme de l’album, et peut-être bien l’un des meilleurs, est saisissant de maestria.

You Know (ft. Allan Kingdom & Raekwon)

Le troisième morceau de rap de l’album est un sans faute. L’instru, calme et entraînante à la fois, accompagne parfaitement les raps d’Allan Kingdom et Raeckwon. On sent une vraie progression dans l’enchaînement des couplets et refrains. Rien à dire, Flume a toujours réussi ces morceaux axés rap, que ce soit « Space Cadet », « Intro » ou encore « On Top ». Bien des beatmakers devraient s’inspirer de son talent, surtout dans l’industrie française…

Take A Chance (ft. Little Dragon)

Cette collaboration avec Little Dragon offre une ambiance aérienne sur ses breaks avant de nous lancer sur un drop enjoué très lourd. On sentirait presque une influence de TroyBoi dans les mélodies du drop. Ce genre de drop est d’ailleurs assez innovant dans la discographie du producteur, ce qui prouve que l’Australien sait aussi sortir de sa zone de confort.

Innocence (ft. AlunaGeorge)

Deuxième collaboration du producteur et du duo anglais (la première étant »I Remember », sur laquelle Harley était en featuring), la magie opère à nouveau pour un résultat doux et progressif. La voix d’Aluna se colle parfaitement sur ces pads épais, dont l’intensité monte peu à peu durant tout le morceau. Le résultat est magistral, mais George, producteur du duo, a-t-il pris part à la production du morceau ? Possible, mais sa patte musicale est difficile à sentir.

Like Water (ft. MNDR)

Très groovy, cette « Like Water » offre son lot de sensations à l’écoute. Le superbe voix de MDNR se colle sur un ballet de synthés étouffés dirigés par cette percussion lente et hypnotisante. Tout est parfaitement géré et on en redemande.

Free

Avant-dernière track de l’album, Harley nous propose une intéressante progression générée par plusieurs mélodies simultanées. Tout à coup, un kick endiablé frappant plus vite que du hardcore fait son entrée, pour un résultat assez étrange. A chacun de voir si ça lui plaît ou non, mais ce kick semble légèrement en trop. Mais il est justifié pour donner ce sentiment de liberté, de force qui est à la base du concept du morceau. Mais, tout comme « Wall Fuck », une bonne intention ne signifie pas forcément un résultat agréable.

Tiny Cities (ft. Beck)

Concluant en beauté en abordant sans doute le meilleur morceau de l’album. Cette collaboration avec Beck est totalement surréaliste. On commence sur un break positif et enjoué avant qu’un drop sur-gonflé en basse ultra-lent ne tombe, imposant sa violence tranquille. Ce morceau est tout simplement impressionnant de talent. C’est du jamais-vu (à part peut-être le remix d’Eprom de « In Your Own Time »), c’est frais et ça conclut de la meilleure façon possible « Skin ».

Le deuxième album de Flume est aboslument excellent. Là où le premier était principalement orienté chill, celui-ci a vraiment pour concept d’ouvrir un large public aux styles expérimentaux en proposant un alliage avec de la pop. Bien entendu, c’est un LP, il est donc normal que les morceaux puissent parfois se ressembler, mais ils savent chacun avoir une identité suffisamment propre à eux-mêmes. En conclusion, cet album va peut-être servir de « game-changer » aux sein de l’industrie musicale, car il en a le potentiel. Il reste à observer si cette prédiction s’avéra fondée.

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Pitt